Thursday 22 November 2018

Les gilets jaunes justifiés par les mensonges du gouvernement?

L'un des commentateurs de mon article précédent, que je remercie pour sa contribution, me fait remarquer qu'à ses yeux, le principal argument qui justifie l'action des gilets jaunes est le fait que le gouvernement aurait menti en prétendant que la nouvelle taxe sur les carburants allait servir à financer la transition énergétique, alors qu'en réalité à peine 1/4 de son montant serait utilisé à cette fin.

Je ne dispose pas de tous les éléments d'information pour savoir quelle utilisation le gouvernement va faire du produit de la taxe carbone, pour une raison simple: en dehors de certaines "taxes affectées" (c'est à dire créées pour financer certaines dépenses spécifiques), la grande majorité des impôts perçus par l'Etat (dont la taxe carbone) sont versés au Budget général, c'est à dire dans un immense "pot commun" permettant à l'Etat de financer l'ensemble de ses dépenses, dont celles concernant la transition énergétique. Il n'y a donc aucune transparence, et seuls quelques spécialistes des questions budgétaires sont capables de dire avec certitude quel est le montant des dépenses de l'Etat (provenant de différents ministères) affectées directement ou indirectement à la transition énergétique.

Il est certain que cette situation arrange bien nos gouvernants, et dans la situation de quasi faillite que connait l'Etat de façon chronique, il n'est effectivement pas difficile d'imaginer que leur préoccupation principale en établissant la taxe carbone est de se procurer des ressources additionnelles pour éviter un dérapage du déficit budgétaire. Et bien entendu, ce manque de transparence dans l'utilisation des deniers publics ne fait qu'alimenter la méfiance et la fracture de plus en plus profonde entre gouvernants et gouvernés.

Ceci dit, l'argument de mon interlocuteur ne contredit pas les miens, bien au contraire: il ne fait que renforcer ma conviction que c'est le niveau excessif de la dépense publique (globalement, je paie trop d'impôts) et la mauvaise gestion de l'Etat (je ne vois pas à quoi servent mes impôts, je n'en ai pas pour mon argent)  qui amènent l'Etat a faire flèche de tout bois en se procurant des ressources par tous les moyens et provoquent la situation de ras le bol fiscal que nous connaissons.

Donc, oui c'est probablement vrai, l'Etat nous ment en prétendant que la taxe carbone sert à financer la transition énergétique. Mais c'est parce que l'Etat est un mauvais gestionnaire, incapable de contrôler la dépense publique, de définir ses missions essentielles et d'éliminer celles qui ne le sont pas, qu'il en est réduit à de tels expédients pour survivre.

Si l'Etat était capable de justifier de l'utilisation efficiente de chaque centime qu'il dépense, s'il cessait d'être ce monstre bureaucratique qu'il est devenu, se mêlant de tout sans rendre compte de rien, nous n'aurions pas, comme citoyens, une telle méfiance chaque fois qu'il nous demande une contribution nouvelle.




Wednesday 21 November 2018

RAS LE BOL FISCAL ET DÉPENSE PUBLIQUE

Le mouvement des gilets jaunes, né au départ comme protestation contre la hausse de la fiscalité des carburants, est en train de se transformer en une espèce de "jacquerie" assez informelle contre le niveau jugé excessif de la fiscalité et des prélèvements obligatoires, au nom de la défense du pouvoir d'achat. Des rapprochements sont ainsi faits avec le mouvement poujadiste des années 50, qui avait ébranlé les institutions de la 4ème République et participé à sa chute en 1958.

On peut bien sûr discuter sur la réalité de cette perception d'une baisse du pouvoir d'achat, alors que les statistiques de l'INSEE semblent indiquer le contraire; on peut également considérer que l'amélioration du pouvoir d'achat est beaucoup plus à rechercher grâce à une croissance robuste  permettant à l'économie de se rapprocher du plein emploi, et aux entreprises d'augmenter les salaires. Il n'en reste pas moins que nous voyons apparaître un phénomène intéressant: alors que traditionnellement les français croient que plus l'Etat dépense, mieux c'est pour l'économie et le pouvoir d'achat (quitte pour cela à s'endetter ou à augmenter les impôts), il semble qu'enfin ils prennent conscience de ce que cette augmentation permanente des dépenses et des prélèvements fiscaux a atteint ses limites.

Bien sûr, beaucoup continuent à penser, comme le disait ironiquement Macron il y a quelques jours,  et comme le réclament les Insoumis, que l'on peut à la fois réclamer davantage de fonctionnaires, davantage de prestations sociales, et en même temps payer moins d'impôts. Mais il me semble malgré tout qu'un certain bon sens populaire permet à un nombre croissant de personnes de comprendre qu'on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.

Il devrait être évident pour tout le monde que, si le niveau des prélèvements obligatoires est trop élevé et devient insupportable, la raison en est le montant trop élevé de la dépense publique. Or tous les gouvernements qui se sont succédé en France depuis au moins 30 ans ont fini par laisser filer cette dépense dans une croissance ininterrompue: pour certains, il s'agissait d'une croissance assumée pour des motifs idéologiques; pour d'autres au contraire, elle survenait en dépit d'un discours annonçant le contraire.

Le gouvernement Macron s'inscrit dans cette dernière lignée, puisque dans son programme, que jusqu'à présent il a scrupuleusement respecté, il a promis une diminution de plusieurs points de PIB de la dépense publique. Mais jusqu'à présent, il faut bien reconnaître que les résultats obtenus sont faibles et peu satisfaisants. Lorsqu'on nous annonce une diminution des dépenses publiques, il s'agit en réalité au mieux d'une diminution de leur rythme d'augmentation!

Or le gouvernement ne dispose en l'état d'aucune marge de manœuvre: rien ne pourra être fait pour réduire le niveau des prélèvements obligatoires, dont tout montre qu'il est devenu insupportable aux français, tant que nous ne parviendrons pas à une diminution réelle et substantielle des dépenses publiques.

Ce devrait être là le chantier prioritaire du gouvernement actuel; en réalité, cela aurait dû l'être dés sa prise de possession, il y maintenant un an et demi. Mais les efforts entrepris jusqu'à présent ne sont pas à la mesure du problème.

J'entendais l'autre soir sur C dans l'air que de toutes façons il est trop tard: une fois l'état de grâce passé, un gouvernement avec 25% de popularité et une conjoncture économique de plus en plus incertaine, ne pourrait plus entreprendre de grandes réformes, et devrait se contenter de gérer les affaires courantes.

Je pense au contraire que le moment est propice pour entreprendre enfin cette grande réforme de l'Etat sans laquelle aucun redressement économique de la France ne sera possible: mais à cela il y une condition: que le gouvernement soit capable de faire de cette réforme un grand dessein national, à la réaliser non pas CONTRE les français, mais en les convainquant que la situation actuelle est devenue insoutenable.

On ne peut pas admettre qu'un pays soit à la fois: l'un de ceux qui ont les prélèvements obligatoires les plus élevés, mais en même temps l'un des plus endettés (ce qui signifie que ces prélèvements sont insuffisants), et enfin, un pays dans lequel la qualité des services publics ne fait que se dégrader.

Tout cela révèle une inefficience prodigieuse, qui démontre que c'est toute la gestion et l'organisation de l'appareil de l'Etat, de ses services publics et de son système de protection sociale qui doivent être remises en cause. A la limite, le principal problème n'est pas que l'Etat dépense trop, mais que les français n'en ont pas pour leur argent, et qu'ils ne reçoivent pas de l'Etat ce qu'ils seraient en droit d'en attendre compte tenu de tout ce qu'ils lui donnent.

Cette réforme ne se fera pas en donnant à l'aveuglette des coups de rabot dans la dépense publique, ce qui ne peut avoir pour résultat que la dégradation de ce qui existe, mais d'abord en procédant à un véritable réexamen de ce que sont les missions de l'Etat, de quelles sont ses priorités, et quelles sont les activités qu'il pourrait abandonner, sous traiter ou laisser au secteur privé; puis en réalisant une réforme complète du mode de fonctionnement des services et missions qu'il décidera de conserver.

Et surtout, une telle réforme ne pourra pas se faire, comme cela a été trop souvent le cas par le passé, de façon honteuse et cachée, comme si on avait peur de mécontenter les différentes clientèles dépendant des deniers de l'Etat; mais au contraire en y associant tous les français, à commencer par les travailleurs du secteur public, et en les convainquant que c'est toute la collectivité nationale qui en bénéficiera




Friday 16 November 2018

LES TRAVAUX CONTINUENT!

J'ai parlé la semaine dernière du véritable massacre de la place Jules Joffrin auquel se sont livrées les autorités municipales, sans aucun bénéfice tangible pour les riverains.

Mais l'action anti-voiture de notre maire ne s'arrête pas là; toute personne qui circule actuellement dans Paris peut constater la multiplication des rues, grandes et petites, fermées et défoncées pendant que s'y réalisent des travaux dont on a du mal à comprendre l'utilité.

Si j'en juge par ce qui se passe dans le quartier Jules Joffrin (par exemple, rue Versigny, rue Joseph Dijon, rue Hermel et Ramey), le but de ces travaux est d'élargir les trottoirs, réduire la largeur de la chaussée et surtout diminuer drastiquement les espaces sur lesquels le stationnement des voitures est possible.

Il est certain que ces travaux sont parfaitement cohérents avec la politique générale de la mairie consistant à décourager les parisiens d'utiliser leur voiture pour recourir à des moyens de transport moins polluants. On peut cependant se demander si la méthode employée est la plus économique et surtout la plus efficace.

Tous ces travaux ont un coût; je n'ose imaginer à combien va se chiffrer l'addition globale, puisque les quelque exemples que je viens de citer ne représentent qu'une part infime de ce qui est en cours de réalisation dans tous les quartiers de Paris.

On peut se demander si tout cet argent n'aurait pas été mieux investi s'il avait été consacré à l'amélioration des transports en commun; j'ai signalé dans un article antérieur combien le métro parisien est déficient, comparé à celui d'autres grandes villes européennes (et même de pays du tiers monde: voir le métro de Delhi), notamment en ce qui concerne l'accès aux personnes handicapées ou à mobilité réduite: faible nombre d'escaliers mécaniques, souvent en panne, absence quasi totale d'ascenseurs... Sans même parler des handicapés, si vous êtes une personne âgée (de plus en plus nombreuses à Paris) ou simplement un touriste qui vient de débarquer dans une gare parisienne avec une valise de 20 kilos, ce n'est pas évident d'utiliser le métro.

Par ailleurs, la lenteur avec laquelle sont effectués les travaux de rénovation du métro est proprement désespérante: depuis plusieurs années, les usagers de la ligne 4 voient régulièrement certaines stations fermées pendant plusieurs mois pour travaux; on pourrait imaginer qu'après trois mois de fermeture, il nous sera offert une station flambant neuve. Il n'en est rien, les stations théoriquement "rénovées" sont restituées aux usagers dans un état pire qu'avant les travaux, ce qui semble indiquer qu'une deuxième étape sera nécessaire pour achever ceux-ci; à ce rythme, cette seule ligne risque peu d'être achevée avant une vingtaine d'années.

Il y ainsi un contraste frappant entre la pauvreté des moyens consacrés à l'amélioration des transports en commun et la célérité avec laquelle les rues de Paris sont défoncées. On assiste une fois de plus, dans la politique de mobilité menée par notre maire, au triomphe de "l'écologie punitive" aux dépens de l'écologie positive: on commence par punir ceux qui ont encore le mauvais goût d'utiliser leur voiture, au lieu de leur donner des raisons de préférer d'autres moyens de transport. 

L'efficacité d'une telle politique est plus que douteuse: Madame le Maire, vous pouvez rendre la vie impossible aux automobilistes (et à tous les parisiens qui subissent les nuisances des travaux, puis des embouteillages croissants résultant de ceux-ci), mais vous ne les convaincrez pas d'abandonner leur voiture si vous ne leur offrez pas des alternatives attractives.




Thursday 8 November 2018

UN PARISIEN INDIGNÉ: HIDALGO CONTINUE SES MÉFAITS!

Comme tout parisien, j'ai pu constater la multiplication ces derniers mois de chantiers dans tous les quartiers, de rues défoncées, certaines fermées pour de longues périodes, sans que la justification de ces travaux paraisse très évidente.

C'est le cas pour un coin de Paris que j'aime particulièrement, puisque j'y vis: il s'agit de la Place Jules Joffrin, qui s'étend entre la Mairie du 18ème et l'église Notre Dame de Clignancourt: un endroit qui est (qui était?) particulièrement charmant, avant que notre maire décide d'y mettre la main et d'y exercer son idéologie aveuglement anti-voiture.

Cette place n'avait aux yeux de nos planificateurs urbains qu'un seul défaut: on y avait aménagé en bordure du trottoir, un renfoncement qui rognait une largeur d'environ 2 mètres, ce qui permettait aux autobus (lignes 31 et 60) de s'y garer pour décharger et prendre des voyageurs sans perturber la circulation intense de la rue Ordener.

Cela constituait une insulte insupportable aux yeux de notre maire, qui considère que tout doit être fait pour perturber le trafic: face à ce défi, la solution (idéologique) s'imposait: déplacer l'arrêt quelques mètres plus loin, là où la rue Ordener est bien étroite et où les autobus ne peuvent s'arrêter qu'en bloquant totalement la circulation: désormais, le croisement des rue Ordener et du Mont-Cenis est un enfer!

Cela permettait du même coup de restituer aux piétons, qui n'en demandaient pas tant, les 2 mètres de trottoirs qu'utilisaient les autobus pour s'arrêter; cela a entraîné des travaux qui ont duré plus de deux mois, consistant à défoncer totalement la place Jules Joffrin; les palissades autour de ces travaux portant des affiches nous annonçant un "embellissement" de la place, j'imaginais une transformation complète, peut-être des arbres ou des massifs de fleurs, pourquoi pas un kiosque à musique; mais non, tout ce que nous voyons actuellement, c'est une étendue sans grâce d'asphalte noir.

Je veux bien reconnaître que la politique visant à limiter la circulation automobile dans Paris intra muros a une certaine logique et une certaine cohérence. Mais de là à créer DÉLIBÉRÉMENT des embouteillages, cause d'énervement et de pollution (bruit, gaz d'échappement), on peut penser qu'il y a de la part de Mme Hidalgo un certain acharnement qui passe toute mesure.

Et bien entendu, tous ces travaux parfaitement inutiles qui défigurent actuellement Paris pour satisfaire le sectarisme de l'administration municipale coûtent fort cher et sont financés par nos impôts; comme l'a été la mise au rebut d'un système de Vélib dont les parisiens étaient généralement satisfaits pour le remplacer par un nouveau système qui est un désastre; comme l'a été la suppression du système d'Autolib, décidée d'un trait de plume et sans concertation: autant de décisions qui nuisent à la qualité de vie des parisiens, et qui exposent la municipalité à de longues batailles légales contre les prestataires de ces services, et à d'éventuelles condamnations à de lourdes indemnisations.

Madame Hidalgo: arrêtez de décider seule ce qui est bon pour les parisiens, arrêtez de défigurer notre ville et de la rendre invivable!