Monday 24 December 2018

NON, LES GILETS JAUNES NE SONT PAS SYMPAS

Alors que nous venons de dépasser le sixième "samedi noir" marqué par des manifestations multiples, toutes non déclarées et donc non autorisées, et les violences insupportables qui les ont accompagnées, notamment à Paris, je lis avec consternation que selon le dernier sondage, 70% des français continueraient à considérer le mouvement des gilets jaunes comme légitime, et à l'appuyer.

On peut bien sûr considérer que, compte tenu de la multiplicité des revendications, souvent contradictoires, présentées par un mouvement sans organisation interne ni coordination, pratiquement chacun peut, à un moment donné, se trouver en accord avec l'une ou l'autre de ces revendications, appuyer tel ou tel mot d'ordre. Le mouvement, parti au départ d'un rejet de la taxe carbone et de ses conséquences sur le prix de l'essence, a très vite débordé sur l'expression d'un ras le bol fiscal et la revendication d'une hausse du pouvoir d'achat érodé par la fiscalité. Pendant les premières semaines, ces exigences de type économique étaient ce qui dominait, et dans ces conditions, la grande popularité dont a bénéficié le mouvement peut s'expliquer: qui en France ne va pas considérer que la fiscalité est trop élevée, que l'Etat est trop dépensier?

Ce que l'on a plus de mal à comprendre, c'est comment aujourd'hui, après les nombreuses exactions survenues ces dernières semaines, les expressions de haine sociale, souvent de racisme ouvert, les appels au meurtre et à la révolution violente, les attaques contre les permanences et, dans certains cas, les domiciles privés de députés LREM, les gilets jaunes peuvent continuer à se valoir d'une telle popularité.

Il me semble que l'une des raisons en est la grande complaisance dont a fait montre la presse (notamment les chaînes d'information continue) a l'égard de ce mouvement, au lieu de dénoncer franchement et ouvertement ses débordements: il est très rapidement devenu de bon ton, politiquement correct, de lui réserver un accueil favorable, de dénoncer la "souffrance sociale" qu'il reflétait, d'accepter sans examen ses thèses sur la baisse du pouvoir d'achat (alors que rien, dans les statistiques de l'INSEE, ne vient confirmer une telle baisse, au contraire); on condamne avec unanimité des "élites" coupées des réalités sociales que vit le "vrai peuple"; les journalistes, suivis par l'ensemble de la classe politique paralysée de trouille, prennent le plus grand soin à distinguer l'immense majorité des gilets jaunes, qui seraient des gens pacifiques exprimant démocratiquement leurs revendications légitimes, d'une infime minorité de casseurs avec lesquels ils n'ont rien à voir.

Et pourtant, si on écoute les déclarations de nombreux meneurs, il semble clair que l'utilisation de méthodes violentes n'est pas rejetée, au contraire. On nous dit: "si nous n'avions pas utilisé la violence, jamais nous n'aurions obtenu ce que le gouvernement a cédé jusqu'à présent", c'est à dire, selon eux, des miettes (tout de même plus de 10 milliards d'euros, ce qui fait cher la miette); conclusion: si nous voulons obtenir que l'ensemble de nos revendications soient satisfaites, nous devrons continuer à utiliser la violence.

En même si celle-ci n'est le fait que d'une petite minorité, il n'en reste pas moins que l'ensemble du mouvement en porte la responsabilité, en appelant semaine après semaine à poursuivre les manifestations, les blocages d'autoroutes et de ronds-points, alors qu'ils savent parfaitement que ces démonstrations se termineront obligatoirement par des violences, puisque personne ne les contrôle, personne ne sait à l'avance où les manifestations vont se dérouler, il n'y a pas de service d'ordre comme dans les manifestations syndicales. Il est trop facile de dire ensuite "ce n'est pas moi, ce sont des gens qui n'ont rien à voir avec notre mouvement", quand ce n'est pas, comme je l'ai lu, des accusations portées contre la police d'avoir infiltré des "provocateurs" au sein des manifestations.

Le seul homme public qui ait eu le courage de dénoncer le mouvement pour ce qu'il est, c'est l'ancien ministre François LEOTARD (sans doute aussi parce qu'il est retiré de la politique et qu'il n'a rien à craindre des électeurs) qui déclare dans une interview au Point (22/12/2018): "Il faut comprendre un minimum les règles de la démocratie. Bloquer une route, ce n'est pas un délit, c'est un crime. C'est la cour d'assises. Bien sûr, et heureusement, on n'applique pas ces peines, mais on sous-estime ce que cela signifie : c'est une atteinte à la liberté de l'autre. Les Gilets jaunes ne sont pas seuls au monde. Et plus on donnera des choses, plus ils en réclameront, plus il y aura de tensions. Le courage politique, c'est de dire stop, on n'a plus les moyens". Et plus loin: "La colère, oui, la haine non. Le président de la République n'a pas parlé de cela dans son allocution. Il aurait dû dire : « Discutons tant qu'on veut, débattons, disputons-nous, mais pas de haine. » Car elle est en train de naître. Et à chaque fois que la haine est née dans notre pays, ça a mal fini."

Alors non, les Gilets Jaunes, contrairement à ce qu'on nous affirme à longueur de journée, ne sont pas sympas, ne sont pas "tendance"; ils fomentent dans notre pays un climat de haine et de violence, ils refusent les règles les plus élémentaires de la démocratie et du débat civilisé; ils ne sont pas la France, ou s'ils le sont ils représentent les aspects les plus détestables de celle-ci: la France des tricoteuses de la Révolution, la France rancie, refermée, xénophobe, la France de tous les extrêmes, et non la France des Lumières.


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