Monday 17 December 2018

les gilets jaunes noyautés par les Insoumis

Plus le mouvement des gilets jaunes avance, plus sa politisation augmente, et les revendications sur la fiscalité et le pouvoir d'achat sont substituées par celles portant sur le renversement du pouvoir en place et la réforme des institutions: en ce sens, Mélenchon a bien raison de dire que 80% du programme des Insoumis se retrouve chez les gilets jaunes: la réalité est qu'à l'heure où j’écris, l'immense majorité des irréductibles, de ceux qui affirment que les propositions faites il y a une semaine par Macron ne répondent pas à leurs revendications et qui appellent à poursuivre le mouvement, sont des Insoumis, soit militants, soit au minimum sympathisants.

De façon évidente, le mouvement des gilets jaunes a eu, depuis ses débuts, une forte tendance populiste, avec des revendications fusant dans toutes les directions et qui, si elles étaient toutes satisfaites, conduiraient l'économie française à la ruine. Dés le début, les sondages effectués sur les préférence politiques des manifestants montraient que, s'il est vrai qu'une partie importante d'entre eux rejetait tous les partis politiques quels qu'ils soient, il n'en restait pas moins que plus de 50% d'entre eux admettaient se reconnaître dans les positions du Rassemblement National et des Insoumis.

Cependant, plus le temps est passé, plus le Rassemblement National a semblé prendre une position en retrait par rapport à celle des Insoumis; ses sympathisants, dont les revendications portaient beaucoup plus sur les aspects fiscaux et de pouvoir d'achat que sur les aspects institutionnels, ont vu celles-ci en grande partie satisfaites; beaucoup d'entre eux font partie d'une petite classe moyenne, de commerçants et d'artisans, et n'ont pas le souhait de "tout casser" et de mettre l'économie en danger. 

C'est pourquoi, l'infime minorité des "jusqu'au boutistes" qui continuent à manifester et expriment le désir de bloquer le pays, se recrute maintenant beaucoup plus du côté de l'extrême gauche que de celui de l'extrême droite; d'ailleurs le seul parti qui continue à l'heure actuelle à jeter de l'huile sur le feu du conflit, en encourageant comme il l'a fait la semaine dernière la poursuite des manifestations à Paris, est bien celui de Jean-Luc Mélenchon.

Et il est vrai que l'un des principaux points du programme présidentiel de celui-ci était la fondation d'une "6ème République", avec certains éléments qui rappellent de façon troublante les principales revendications de ce qui subsiste des gilets jaunes: multiplication des référendums d'initiative citoyenne (R.I.C.), afin de "donner la parole au peuple", instauration du mandat impératif (c'est à dire abrogation du système représentatif actuel, pour le remplacer par un système dans lequel les élus doivent mettre en oeuvre les instructions qu'ils reçoivent de leurs électeurs, et peuvent être révoqués à tout moment si ceux-ci ne sont pas satisfaits de la manière dont leur élu met en oeuvre ces instructions)... Ce copié-collé du programme institutionnel des Insoumis montre bien combien les derniers gilets jaunes qui actuellement prétendent poursuivre le mouvement sont noyautés par les Insoumis.

En réalité, Jean-Luc Mélenchon, qui n'a jamais admis sa défaite au 1er tour des présidentielles, et qui depuis lors n'a cessé de mettre en cause la légitimité du gouvernement actuel, montre bien son vrai visage, qui reste emprunt des méthodes complotistes du trotskisme de sa jeunesse: ce que les urnes ne lui ont pas donné en avril 2017, la rue le lui donnera. Il suffit de rendre le pays ingouvernable, en multipliant les appels à la haine (voir la lettre ouverte de François Ruffin à Emmanuel Macron: "Vous êtes haï avant même d'avoir mis les pieds à l'Elysée") visant à créer dans notre pays un climat de guerre civile.

Alors non, les gilets jaunes ne sont pas la France, et encore moins ceux qui brandissent des pancartes réclamant le R.I.C., défilent aux cris de "Macron démission", et profèrent des menaces de mort à l'égard de leurs opposants. L'Etat n'a pas à s'agenouiller devant une poignée de factieux, et trouver brusquement, comme vient de le dire notre premier ministre, que finalement, le R.I.C. n'est pas une mauvaise idée. 

Ce qui, à un certain moment, a rendu le mouvement des gilets jaunes populaires, avec un niveau d'approbation qui approchait les 80%,  c'est incontestablement l'expression d'un ras-le-bol fiscal, ce sont les phrases que l"on entendait au début: "où va notre argent?" ou "on n'en a pas pour son argent". Mais je suis convaincu que l'immense majorité du peuple français n'est pas prêt à accompagner les "gilets jaunes insoumis" dans leur dérive complotiste et leur approbation de la haine et de la violence comme moyen de lutte politique.


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